vendredi 30 octobre 2015

GRANDE GUERRE - L'ARTISANAT DE TRANCHEES



Cette activité artisanale populaire s’est surtout développée lors de la Première Guerre mondiale.

Certains soldats, contraints à l’inaction et à immobilité de la guerre de tranchées, sont dans la vie civile des artisans très qualifiés (orfèvres, graveurs, dinandiers, mécaniciens de précision… ou des paysans faisant preuve d’une grande habileté manuelle dans la fabrication d’objets d’art populaires.














Ils réalisent de nombreux objets de la vie courante (briquets, couteaux, bagues, coupe-papier, boîtes à bijoux,…) ou décoratifs (broderies, figurines, maquettes,…), à partir de matières premières trouvées sur le champ de bataille : laiton et cuivre, plomb et acier des munitions (Etui et balles de cartouches, douilles d’obus et têtes d’obus), l’équipement personnel (gamelles, boutons, …) pour l’aluminium fondu servant pour les bijoux, et enfin : le cuir, le tissu, la paille, les végétaux.



Le bois, très facile à trouver et ne nécessitant qu’un outillage rudimentaire, est le matériau de prédilection.
Il permet la création de plumiers, de tabatières, de jouets, de cadres à photos et de cannes qui aident au déplacement dans les tranchées.

Une partie de ces objets est souvent réalisée par des soldats blessés ou mutilés, à l’arrière des lignes de combat, dans des ateliers aménagés par l’autorité militaire.

Des écoles de rééducation et des associations sont créées et certifient l’origine de ces objets, car un marché parallèle se développe.
Il est de bon ton de posséder, entre autre, un briquet de soldat que l’on peut se procurer dans le commerce et dans certains catalogues de vente.
Le « briquet de poilu » ou « de tranchée » est l’une des premières réalisations des soldats sur le front.
Les allumettes, peu discrètes et moins fiables furent vite remplacées par le briquet à essence.
On l’exhibe comme un trophée sur lequel est inscrit le lieu d’un combat ou une date symbolique, une caricature de l’ennemi ou le portrait de sa bien-aimée restée au foyer.

Certains y insèrent une photo de leurs proches.




Cet artisanat s'est développé de chaque côté des belligérants.

dimanche 18 octobre 2015

AVIS DE RECHERCHE : connaissez-vous un descendant de Henri Dancre ?

Nos confrères du site de généalogie Généanet on lancés un appel via l'une de ses membres pour retrouver les descendant d'un militaire dont elle a découvert le dossier militaire dans une brocante. Une belle intention que nous relayons ici-même...

 

C'est au hasard d'une brocante que Anne Vernon a déniché un dossier militaire complet, vendu avec tout le bric-à-brac que l'on peut trouver dans de tels endroits. En rachetant ce dossier, Anne avait pour idée de le sauvegarder de l'oubli, et de le remettre à ses descendants, s'ils existent. Nous relayons donc son appel via ce blog.

docs-dancre
Le dernier document le concernant date de l’après-guerre, fin 1946.




















Le dossier de Henri Dancre est constitué de diverses pièces couvrant les deux guerres mondiales. Il était né en 1894 à Chaunay, un village situé à mi-chemin entre Poitiers et Angoulême.
Décoré pendant la Première Guerre, blessé à la jambe, il entame ensuite une carrière militaire et c’est en tant qu’officier à l’état-major de la VIème armée qu’il est fait prisonnier pendant la Seconde Guerre, et interné à l’Oflag VI B, à Dössel, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Anne a reconstitué en partie sa généalogie, que vous pourrez consulter sur un arbre dédié, ainsi que tous les documents, dûment numérisés, sur sa fiche.
Pendant deux ans, elle a cherché, sans succès, à retrouver des ayant-droits d’Henri Dancre, descendants directs (on sait qu’il a eu une fille) ou à défaut collatéraux.

Pourrez-vous l’aider à retrouver des membres de sa famille ?
L’appel est lancé ! Contactez-nous, ou contactez-la, toute piste sera la bienvenue !


Quelques liens utiles à ceux qui souhaiteront résoudre l’énigme de sa descendance :
Pour prendre contact, passez par la page-contact de l’arbre, vous pouvez également réagir via les commentaires de ce blog ou sur le fil de discussion du forum.
Merci à tous pour votre participation !


NOTA : Les liens de renvois vous dirigerons hors du blog AMP. Ainsi nous sommes indépendants de ces sites et ne pouvons être tenus responsables d'un quelconque soucis liés au fonctionnement de ceux-ci.

samedi 3 octobre 2015

LIBRAIRIE : PUY DE DOME EN GUERRE 1914-1918



Illustré de plus de 500 photos et documents, pour la plupart inédits, cet ouvrage s’intéresse au vécu de la Grande Guerre dans le Puy-de-Dôme tandis que les poilus combattaient sur les fronts.  

Les soins aux blessés, le travail dans les arsenaux des Gravanches notamment, la formation des soldats et des pilotes, la naissance de la motoculture, la présence des américains, des italiens et des travailleurs coloniaux… autant d’aspects méconnus d’un conflit qui n’a pas épargné les privations et les souffrances à ceux de « l’arrière ».

Un ouvrage bien documenté illustré par de nombreuses photos d'époque inédites.

Les Clermontois découvriront notamment qu'il existait un cirque d'hiver sur la place des Salins, disparu "depuis belle lurette".

Disponible à la vente sur le site des archives du Puy de Dôme.

2014
223 pages
Editions 


OSSEMENTS DE POILUS DECOUVERTS



Un agriculteur de la Marne a découvert les restes de plusieurs soldats de la Première Guerre Mondiale. 
Deux d'entre eux ont pu être identifiés, sans doute grâce à leur plaque matricule, il s'agit de Jean Bourdon et de Edmond Trapé qui sont tombés il y a 98 ans aux Chemins des Dames en 1917.




Source : LA MONTAGNE CENTRE FRANCE - 3/10/2015

vendredi 2 octobre 2015

LES VITRAUX DU SOUVENIR


Installées dans les églises pour honorer les morts de la paroisse, les verrières apparaissent beaucoup plus rares dans certaines régions.
Cette forme toute particulière d’art commémoratif tient sa spécificité de son caractère religieux, et de l’incursion du culte du souvenir dans l’art sacré du vitrail.
Ces photographies prises dans la Manche et le Calvados montrent  les caractéristiques majeures, l'aspect original et artistique de ces verrières.
(Crédits photographies : Pascal Corbierre, Manuel de Rugy, François Decaëns et Conservation des Antiquités et Objets d'Art de la Manche).




Le Teilleul (50), église Saint-Patrice, baie 23, exécutée à Paris par Mauméjean après la Deuxième Guerre mondiale. Là encore, le caractère commémoratif de la verrière se résume au phylactère que déroule l’ange, et sur lequel sont inscrits les noms des soldats du Teilleul morts durant la Grande Guerre. Il faut noter que le nom du maître verrier Mauméjean figurant au pied de l’ange est en fait la signature en nom collectif des ateliers du même nom. Ils constituèrent au 20e siècle un véritable empire industriel de vitraux d’art et de mosaïques (les ateliers employèrent jusqu’à 300 personnes), et furent plusieurs fois récompensés lors des expositions internationales.


Le Teilleul (50), église Saint-Patrice, baie 24, exécutée à Paris par Mauméjean, après la Deuxième Guerre mondiale. Ici, le phylactère tenu par l’ange complète la liste de la baie 23. Mais en dessous s’ajoute une seconde liste de noms, ceux des victimes de 39-45. On comprend que le village compte beaucoup moins de morts lors de la Deuxième Guerre mondiale, ce qui s’explique par le fait qu’à partir de juin 1940, l’on ne se bat plus sur le sol français, la région est occupée par les Allemands.


Saint-Jean-des-Champs (50), église paroissiale Saint-Ursin, baie 6, probablement réalisée par George Merklen, 1922. Cette verrière commémorative offre la particularité d’être uniquement constituée d’une grisaille décorative, et d’un double portrait photographique inscrit dans un médaillon central, sans aucune scène figurée. Dédiée à la mémoire de 2 soldats en particulier, cette verrière a probablement été offerte par la famille.


Saint-Jean-des-Champs (50), église paroissiale Saint-Ursin, détail de la baie 6, probablement réalisée par George Merklen, 1922. Dans le médaillon décoré de feuilles de laurier, les portraits des deux poilus en uniforme témoignent de la jeunesse des soldats envoyés au front. Les visages apparaissent sereins, il s’agit de transmettre aux générations suivantes la physionomie des soldats morts au combat. L’inscription en dessous rappelle leurs noms, Louis Hubert du 79e régiment d’infanterie territoriale et Paul Maillard, sergent au 36e régiment d’infanterie.



Montsurvent (50), église Saint-Martin, baie 10 réalisée par Georges Merklen, 1923. Ici la scène représentée est strictement religieuse : il s’agit de l’apparition du Sacré-Cœur à sainte Marguerite Marie Alacoque. La seule référence à la Grande Guerre consiste en un portrait de poilu peint dans un médaillon au bas de la verrière. L’inscription en dessous du médaillon nous renseigne sur les donateurs, qui ont offert cette verrière en souvenir de leur fils mort au combat.



Saint-Sauveur-Lendelin (50), église Saint-Laurent, baie 115. Verrière commémorative particulièrement originale, elle n’est composée d’aucune iconographie religieuse, à l’exception d’une croix dans la partie supérieure, juste sous l’arcade architecturale. Le parti-pris est franchement patriotique, porté par les nombreux symboles –casques, sabres, fusils, drapeaux, laurier, olivier- et l’inscription « Pro Patria ». Cette verrière s’apparente ainsi davantage au monument commémoratif laïc, dépassant le cadre chrétien de l’église.



Saint-Denis-le-Gast (50), église Saint-Denis, baie 8 réalisée par Henri Mazuet. Inscription : « à nos chers soldats immortelle reconnaissance ». Ici le double caractère religieux et patriotique s’affirme dans l’organisation en deux registres : au registre supérieur une Vierge à l’Enfant (figure récurrente dans les vitraux du souvenir) aux couleurs chaudes ; au registre inférieur un groupe de poilus au milieu de canons et de fusils, dans des tonalités beaucoup plus froides. Le peintre-verrier Henri Mazuet met en valeur la solidarité qui unissait les soldats alliés.



Deauville (14), Saint-Augustin, baie 5. Verrière également franchement patriotique, elle rend hommage aux soldats de retour de la guerre de 14-18. Autour de deux poilus avançant tête nue dans la nef d’une église, les enfants des combattants présentent leurs armes et les acclament en leur lançant des fleurs. La scène, d’une parfaite symétrie, oppose les couleurs froides des uniformes aux couleurs chaudes des fleurs et du décor, symbolisant la paix retrouvée.




Sommervieu (14), Eglise Saint-Pierre et Sainte-Geneviève, baie 16, 1er quart du 20e siècle. Inscription « à ses héroïques soldats Sommervieu fidèle ». Cette verrière présente l’iconographie la plus fréquente dans le vitrail commémoratif : un poilu expirant sur le champ de bataille devant un Christ en croix. Le paysage désolé, le ciel tourmenté, les couleurs froides confèrent à la scène une tonalité tragique. Mais si la représentation se veut réaliste, avec un uniforme peint dans les moindres détails, il faut noter le vêtement immaculé et l’absence de traces de blessures.



Saussey (50), église Saint-Martin, baie 1, détail du registre inférieur, œuvre attribuée à l’atelier Mazuet de Bayeux. Dans ce vitrail représentant une scène religieuse, seule l’inscription dans le registre inférieur fait comprendre qu’il s’agit d’une verrière commémorative. : « A nos glorieux morts de la guerre 1914-1918/ Prions pour eux- suivons leurs exemples». Entre ces deux phrases sont listés, sur deux colonnes et par ordre alphabétique, les noms des 35 poilus du village morts au combat. On remarque que certaines familles comptent plusieurs victimes.



La Feuillie (50), église Saint-Nicolas, baie 6, par Henri Mazuet, 1er quart du 20e siècle. Composée de deux lancettes surmontées d’un oculus. Cette verrière présente un double intérêt, en associant une iconographie commémorative et un portrait. On y retrouve les motifs traditionnels du vitrail commémoratif : le champ de bataille, le village et son église détruits et pris par les flammes ; la tranchée, le canon, la couronne de laurier. Il faut noter la représentation, parmi les poilus, d’un soldat colonial à droite du groupe. Dans le registre inférieur, deux médaillons accueillent l’un le portrait d’un poilu, l’autre l’inscription le présentant : figurent son nom ainsi que la date et le lieu de sa mort. Cette verrière a très probablement été offerte à l’église par la famille du défunt.

jeudi 1 octobre 2015

HISTOIRE : RC 4 : CAO BANG OCTOBRE 1950




En mai 1950, le 3e groupement colonial de commandos parachutistes reprend Dong Khé au Viêt-minh, qui a anéanti quelques heures auparavant, deux compagnies du 8e régiment de tirailleurs marocains. 


En septembre, la pression ennemie s’accentue. Dong-Khé, défendue cette fois par deux compagnies du 2e bataillon du 3e régiment étranger d’infanterie, est submergé. 

Le poste de CAO BANG.

Décidée à la hâte, l’évacuation de la garnison de Cao Bang, forte de plus de trois mille cinq cents hommes est prévue pour le 1er octobre : celle-ci est constituée du 3e bataillon du 3e régiment étranger d’infanterie, du 3e tabor marocain, d’un bataillon de supplé-tifs et d’un millier de partisans.


Le 30 septembre, l’opération Tiznit est déclenchée, par laquelle les trois mille trois cents hommes du groupement Bayard partiront de Lang Son, à la rencontre de la garnison de repli, pour la recueillir. 



Le groupement se compose des 1er et 11e tabors marocains, d’un bataillon de marche du 8e régiment de tirailleurs marocains et du 1er bataillon étranger de parachutistes, aux ordres du commandant Segrétain, parachuté sur That Khé dès le 18 septembre. 



Du 1er au 18 octobre, ces unités vont se sacrifier pour rem-plir leur mission. Opposés à plus de trente bataillons Viêt-minh, ceux de Cao Bang et ceux de Bayard vont livrer un, dix, cent combats héroïques, au corps à corps, à un contre cent, dans un site grandiose, véritable débauche de pains de sucre, de calcaires en dents de scie, de ravins, de végétation inextricable.

Tour à tour les unités seront englouties dans une bataille apocalyptique. Les goumiers, les tirailleurs, les coloniaux, les légionnaires n’auront qu’un courage inouï, une volonté indomptable et une abnégation sans faille à opposer à cet ennemi supérieur en nombre. Les uns après les autres, ils disparaîtront à Dong-Khé, sur le Na N’Gaum, sur le Na-Kéo, sur les cotes 533, 703, au col de Long-Phaï, dans les calcaires de Coc-Xa, au passage de la source.



Le chef de bataillon Segrétain mourra avec le 1er bataillon étranger de parachutistes, les armes à la main, comme ceux du capitaine Danjou à Camerone. Il sera le premier des trois morts du bataillon étranger de parachutistes, fleuron des troupes étrangères.


Le 3e groupement colonial de commandos parachutistes, largué sur That Khé, le 8 octobre, pour recueillir les survivants, subira un sort identique.



Plus de sept mille hommes ont été engagés dans cette bataille, moins de mille rejoindront Lang Son les jours suivants. Les autres sont soit morts, soit blessés. Ces derniers prendront le chemin d’une captivité qui, pour la majorité, sera fatale.


RC4 : Route coloniale n° 4

Ancienne route « mandarine » qui serpente au plus profond des montagnes du Tonkin, le long de la frontière de Chine. 

La RC 4, relie entre elles des places fortes dont les noms se récitent aujourd’hui comme les stations d’un chemin de croix : Lang Son, Na Cham, That Khé, Cao Bang. 

En 1950, cette route est le siège d’une gigantesque bataille sans précédent dans notre histoire coloniale. Véritable cordon ombilical, mais également coupe-gorge réputé, elle traverse les zones montagneuses du Haut Tonkin particulièrement propice aux embuscades meurtrières. 

Le Viêt-minh porte son effort contre les convois français qui l’empruntent pour ravitailler les postes, et principalement Cao Bang. 




Bibliographie :

« RC4 (de la RC4 à la N4)  », Colonel Dang Van Viet, éditions Le Capucin - Lagarde Firmacon - Témoignage historique de 140 pages.
« Indochine (1946-1962). Chronique d'une guerre révolutionnaire », FALL (Bernard), Paris, Robert Laffont, 1962
« La France et ses soldats, Indochine, 1945-1954 », BODIN (Michel),  ParisL'Harmattan, 1996
 « La guerre d'Indochine, racontée par ceux qui l'ont vécue (1945-1954) », Paris, Editions France-Empire, 2001